Depuis plus de deux décennies, le projet Old Lesbian Oral Herstory Project a illuminé des vies longtemps oubliées. Ces histoires orales offrent une fenêtre précieuse sur le passé des lesbiennes âgées en Amérique. Aujourd’hui, grâce au documentaire « Old Lesbians », ces récits atteignent un public encore plus large.
Le Old Lesbian Oral Herstory Project (OLOHP) est une archive unique qui préserve les expériences des premières figures LGBT. Au fil des années, des centaines de témoignages ont été recueillis, révélant des vies souvent cachées et des défis personnels incommensurables. Margaret Purcell, 73 ans, a pris la direction du projet après le décès de la fondatrice, Arden Eversmeyer, et continue de mener cette mission essentielle. Mary Henry, 86 ans, et Aganita Varkentine, 84 ans, jouent également un rôle clé en tant que secrétaire du conseil d’administration et administratrice/intervieweuse, respectivement. Leur travail met en lumière l’importance des histoires orales et des aspects technologiques nécessaires pour créer une archive durable. En préservant ces récits, le projet assure que les générations futures ne perdent jamais de vue les luttes et les triomphes de leurs aînées.
Margaret souligne que ces femmes ont vécu à une époque où exprimer leur identité était risqué, souvent confrontées à des discriminations professionnelles, familiales et sociales. Aganita ajoute que les nouvelles générations peuvent tirer des leçons précieuses des combats passés, qui pourraient se répéter. La collecte des histoires se fait principalement par des interviews, initialement en personne, puis via des plateformes comme Zoom pendant la pandémie. Chaque témoignage est soigneusement enregistré, transcrit, et accompagné de photos et de documents personnels pour être inclus dans un livre relié. Ce processus garantit que chaque voix est entendue et préservée de manière authentique.
Travailler avec l’OLOHP offre une immense satisfaction personnelle aux membres de l’équipe. Margaret exprime sa gratitude d’avoir écouté les récits de centaines de femmes, tandis que Mary apprécie la diversité des histoires partagées et leur impact sur sa propre perception de la vie. Le projet a également évolué technologiquement, passant des anciens magnétophones aux enregistreurs numériques et aux logiciels de transcription, tout en maîtrisant la gestion des bases de données et la restauration de photos endommagées. Pour ceux qui souhaitent lancer un projet similaire, Mary recommande d’avoir un plan détaillé et de recruter une équipe dévouée, tandis qu’Aganita conseille de définir clairement le périmètre du projet pour éviter d’être submergé.
Le slogan de Senior Planet, « Aging with Attitude, » reflète parfaitement l’esprit des participantes de l’OLOHP. Ces femmes démontrent que vieillir avec dignité et fierté, en partageant leurs histoires, en restant engagées et en célébrant leurs accomplissements, est à la fois inspirant et essentiel. Pour en savoir plus et découvrir des extraits des interviews, visiterez OLOHP.org ou regardez le documentaire « Old Lesbians » sur le site de The Guardian. L’archive de l’OLOHP est conservée dans la Sophia Smith Collection au Smith College.
qu’est-ce que le projet oral des lesbiennes âgées ?
Le projet oral des lesbiennes âgées est une initiative unique visant à préserver et à valoriser les récits de vie des lesbiennes âgées en Amérique. Lancé il y a plus de vingt-cinq ans par Arden Eversmeyer, ce projet a entrepris de recueillir des histoires orales à une époque où il n’existait aucun enregistrement écrit détaillé de la vie des lesbiennes, en particulier des plus âgées. Aujourd’hui, grâce au dévouement de nombreuses femmes, le projet Old Lesbian Oral Herstory Project (OLOHP) constitue une archive précieuse qui éclaire les vies souvent cachées des premières figures LGBT.
Ce projet a permis de documenter des centaines de témoignages, offrant une fenêtre sur des décennies d’expériences personnelles marquées par des défis sociaux, professionnels et personnels. Les participantes partagent leurs histoires de résilience, d’amour, de lutte et de triomphe, créant ainsi un patrimoine inestimable pour les générations futures. En plus de préserver ces récits, le projet vise à donner une voix authentique à ses membres, permettant ainsi une meilleure compréhension et une reconnaissance accrue des contributions des lesbiennes âgées à la société.
À l’aube de la fin de son activité principale, le projet OLOHP continue de toucher de nouveaux publics, notamment grâce au documentaire “Old Lesbians” réalisé par Meghan McDonough. Cette production cinématographique met en lumière les histoires des participantes, rendant leurs expériences accessibles à un public plus large et augmentant la visibilité de leurs parcours inspirants. L’initiative reflète une volonté profonde de conserver la mémoire collective et de célébrer la diversité et la richesse des vies des lesbiennes âgées.
l’importance de préserver les histoires orales des lesbiennes âgées
Préserver les histoires orales des lesbiennes âgées revêt une importance capitale pour plusieurs raisons. Premièrement, ces femmes ont vécu à une époque où l’homosexualité féminine était largement marginalisée, voire criminalisée. Comme l’explique Margaret Purcell, directrice actuelle de l’OLOHP, « Ces femmes ont vécu leurs vies durant une période radicalement différente de celle d’aujourd’hui. Obtenir des informations sur leurs sentiments et leurs expériences était quasiment impossible. » Enregistrer leurs témoignages permet de combler les lacunes historiques et de fournir une représentation fidèle de leurs vécus.
Ensuite, ces récits offrent une perspective unique sur l’évolution des droits LGBT au fil des décennies. Les défis qu’elles ont dû affronter – licenciements en raison de leur orientation sexuelle, rejet familial, discriminations dans les institutions éducatives et militaires, etc. – mettent en lumière la résilience et le courage dont elles ont fait preuve. Aganita Varkentine souligne l’importance pour les nouvelles générations de ne pas oublier ces luttes passées : « Il est crucial que la nouvelle génération de lesbiennes se souvienne de ce que la vie était pour leurs aïeules. Les batailles menées autrefois pourraient bien se reproduire, et l’expérience passée pourrait s’avérer précieuse. »
De plus, en permettant à ces femmes de raconter leur histoire dans leurs propres mots, le projet respecte leur autonomie narrative et évite les interprétations biaisées que pourrait apporter un chercheur. Ce format authentique renforce la validité et l’impact des témoignages, offrant une source inestimable pour les chercheurs, les historiens et la communauté LGBT en général.
les méthodes de collecte des témoignages
La collecte des témoignages au sein du projet oral des lesbiennes âgées repose sur une approche humaine et respectueuse. Margaret Purcell explique que le processus commence par identifier des participantes potentielles, principalement des lesbiennes de 70 ans et plus, puis organiser des entretiens. Pendant plus de deux décennies, ces interviews se déroulaient exclusivement en personne, souvent dans le confort du foyer de la participante, créant ainsi un environnement propice à l’ouverture et à la confiance.
Cependant, avec l’avènement de la pandémie de COVID-19, le projet a dû s’adapter rapidement. « Lorsque le COVID a frappé, nous avons fait le saut et appris à utiliser Zoom, » raconte Margaret. Bien que les entretiens virtuels ne reproduisent pas entièrement l’intimité des rencontres en face-à-face, ils ont permis de continuer à recueillir des histoires essentielles malgré les contraintes sanitaires. Toutes les interviews sont enregistrées et transcrites, garantissant ainsi la préservation fidèle des récits.
Outre les entretiens verbaux, les participantes sont encouragées à partager des supports visuels tels que des photos, des documents personnels ou des certificats. Ces éléments sont intégrés aux transcriptions pour créer des livres reliés, offrant une représentation multidimensionnelle de chaque histoire. Cette méthode holistique permet de capturer non seulement les mots, mais aussi les émotions et les contextes visuels qui enrichissent les récits.
les technologies au service de la mémoire
L’évolution technologique a joué un rôle crucial dans le développement et la pérennité du projet oral des lesbiennes âgées. Initialement, les enquêtes étaient menées avec des enregistreurs à bande encombrants, où chaque entretien était une aventure logistique. Avec le temps, le projet a adopté des enregistreurs de poche, puis des dispositifs numériques, améliorant ainsi la qualité des enregistrements et la facilité de stockage des données. Margaret Purcell souligne : « Nous avons commencé avec des enregistreurs à cassette, puis nous sommes passés aux petits enregistreurs numériques – et à ce stade, nous en utilisions deux en cas de problème. »
La transcription des interviews était autrefois un processus laborieux, souvent réalisé manuellement. Toutefois, à mesure que l’équipe gagnait en expertise informatique, des logiciels capables de contrôler la lecture avec un pédalier ont été intégrés, rendant le processus plus efficace. De plus, la gestion des données a évolué, nécessitant la création de bases de données robustes pour organiser et accéder facilement aux témoignages.
La préservation des photos et autres documents nécessite également des compétences techniques spécifiques. Par exemple, le projet a appris à restaurer des photos endommagées, éliminant les plis ou les décolorations, afin de maintenir l’intégrité visuelle des souvenirs partagés. Ces avancées technologiques ont non seulement amélioré la qualité des archives, mais ont aussi permis au projet de rester pertinent et accessible à une ère numérique.
l’impact du projet sur la communauté et au-delà
Le projet oral des lesbiennes âgées a eu un impact profond sur la communauté LGBT et au-delà. En donnant une voix aux lesbiennes âgées, le projet a contribué à briser les barrières intergénérationnelles, facilitant le dialogue entre les différentes générations et favorisant une meilleure compréhension des parcours de vie distincts. Mary Henry, secrétaire du conseil d’administration et éditrice du projet, témoigne : « J’ai rencontré et travaillé avec des femmes de tous horizons. Leurs histoires ont enrichi ma qualité de vie et renforcé mon appréciation pour les lesbiennes âgées. »
Les archives créées par le projet ne servent pas seulement de ressource historique, mais inspirent également des initiatives artistiques et éducatives. Le documentaire “Old Lesbians” est un exemple tangible de cet impact, offrant une plateforme visuelle où les histoires recueillies sont partagées avec un public plus large. De plus, les présentations et les lectures publiques organisées par le projet sensibilisent le grand public aux enjeux et aux réalités des lesbiennes âgées, renforçant ainsi la visibilité et l’acceptation au sein de la société.
Au-delà de l’impact communautaire, le projet contribue également à la recherche académique, fournissant une mine de données qualitatives pour les études sur l’histoire LGBT, les études de genre et les sciences sociales. En préservant ces récits, le projet assure que les expériences des lesbiennes âgées continuent d’informer et d’influencer les futures générations, garantissant que leurs contributions ne soient jamais oubliées.
conseils pour démarrer un projet d’histoire orale
Pour ceux qui souhaitent lancer leur propre projet d’histoire orale, plusieurs conseils essentiels peuvent être tirés de l’expérience de l’OLOHP. Mary Henry insiste sur l’importance de la planification et de la collaboration : « Assurez-vous d’avoir un plan incluant l’attraction de beaucoup d’aide dévouée. Ce n’est pas un travail à faire seul. » Avoir une équipe dédiée permet de gérer les multiples aspects du projet, de la collecte des témoignages à la gestion des archives.
Aganita Varkentine ajoute qu’il est crucial de définir une portée claire dès le départ : « Il est important de commencer par sélectionner une portée. Sinon, vous pourriez être submergé par le volume. » Délimiter le sujet, la population cible et les objectifs du projet aide à maintenir une direction claire et à éviter une surcharge d’informations.
En outre, l’adoption des technologies adéquates est fondamentale pour assurer la qualité et la durabilité des archives. Investir dans du matériel d’enregistrement fiable, des logiciels de transcription et des outils de gestion de données peut grandement faciliter le processus. Enfin, il est essentiel de créer un environnement de confiance et de respect pour encourager les participants à partager ouvertement leurs histoires, assurant ainsi la richesse et l’authenticité des récits recueillis.
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